Il y a quelques années maintenant que les chaussures de running avec l’intégration d’une plaque carbone dans la semelle sont disponibles sur le marché. Cette technologie à même rejoint le domaine du trail running un peu plus récemment avec The North Face et leur modèle Vectiv. Le carbone est un matériau qui fait toujours référence à la qualité quel que soit le domaine dans lequel il est utilisé. Les sports mécaniques, nautiques nécessitent une technologie haut de gamme pour espérer tutoyer la performance mais du côté des sports d’endurance, le seul accessoire pouvant faire la différence est bien entendu la chaussure.

L’arrivée de ce matériau noble est-il réellement un plus dans la course à pied et dans le trail ? Quels sont réellement ses avantages et ses inconvénients ? Est-il exploitable par tout un chacun ? N’est-ce pas au final un simple argument marketing comme ont pu l’être l’amorti maximal ou encore le drop dans le but de créer de l’innovation et vendre… quelques questions auxquelles nous allons répondre aujourd’hui.

 


 

POURQUOI DU CARBONE DANS UNE CHAUSSURE DE COURSE À PIED ?

Le carbone est un matériau reconnu pour ses propriétés alliant grande solidité malgré tout flexible, et poids très faible. Il possède cette capacité à supporter des tensions importantes malgré son pouvoir de flexibilité. Mais cette dernière a un prix car elle nécessite une force beaucoup plus importante pour être exploitée. La plaque carbone a donc été intégrée dans les chaussures de running par rapport à ces propriétés. En effet, la flexion générée par la force appliquée sur la plaque va permettre un retour d’énergie plus important que cela ne pourrait être avec une simple mousse EVA. On peut tout simplement comparer cet effet à celui d’un ressort que l’on tend et que l’on relâche instantanément. Plus le ressort sera rigide, plus il faudra appliquer de la force pour l’amorcer mais plus importante sera l’énergie dégagée que l’on peut associer ici au rebond de chaque foulée.

Pour résumer, si le rebond est plus important, nous devrions en théorie avoir une foulée plus longue et par conséquent aller plus vite. Oui, ce n’est pas faux, mais c’est sans compter tout l’aspect technique qu’il faudra mettre en œuvre pour réellement en tirer de réels avantages.

 

ATTENTION AUX PREMIÈRES SÉANCES !!

Courir avec des chaussures à plaque carbone n’est pas si anodin que cela. Comme pour les chaussures au drop faible voire nul, il faut y aller progressivement. Et ceci est d’autant plus vrai car ce sont des modèles qui sont généralement destinés à aller vite, pour des séances de fractionné par exemple. Tu verras rarement ce genre de modèle chez des coureurs souhaitant effectuer un footing ou une sortie longue de deux heures à des allures faciles.

Donc comme je le disais, l’utilisation du carbone dans nos chaussures n’est pas anodine et a un prix qui est celui de sollicité davantage la voute plantaire, les mollets et par conséquent le tendon d’Achille. Généralement, que tu sois confirmé ou simple amateur, tu sentiras clairement la différence dès la première utilisation avec des mollets qui seront peut-être un peu plus congestionnés que d’habitude. C’est à ce moment que tu prends pleinement conscience de l’impact du retour d’énergie que procure les plaques carbones dans la semelle même si bien entendu, la différence se fait déjà ressentir dès les premières foulées.

 

SANS MAITRISE, LA PUISSANCE N’EST RIEN

Je vais continuer en reprenant une citation d’une célèbre marque de pneu : « sans maitrise, la puissance n’est rien ».  Ici, nous pouvons l’appliquer précisément aux chaussures à plaque carbone. En effet afin de pouvoir exploiter une telle technologie présente dans les semelles, il faut pouvoir être en mesure d’y appliquer une force suffisante à chaque foulée dans le but d’y exploiter son plein potentiel. Sans quoi tu auras la sensation de porter simplement des planches de bois aux pieds, sans que cela ne te procure de réelles sensations remarquables.

Donc si jamais tu débutes la course à pied mieux vaut passer ton chemin sur ce genre de produit car ceci pourrait augmenter le risque de déconvenue. Je dirais même qu’il serait plus judicieux d’avoir un niveau confirmé avant de pouvoir les utiliser car dans ce cas précis, tu auras eu le temps de renforcer ta technique de course ainsi que les muscles et tendons impliqués.

ARGUMENT MARKETING OU RÉELLE EFFICACITÉ ?

Maintenant, est ce que cette technologie fait la différence sur le terrain ? Si oui, pourrait-on la considérer comme du dopage matériel ?

Il faut savoir que désormais l’organisme World Athletics qui régit les fédérations nationales d’athlétisme dont la française, à légiféré sur ce type de chaussure. Il a tout d’abord interdit les prototypes puis redéfini l’épaisseur des semelles qui auront donc de nouvelles limites en hauteur en fonction de la compétition.

Cette décision a été prise suite aux polémiques après que de nombreux records aient été battus alors que les athlètes concernés utilisés des chaussures à plaque carbone. Il fallait certainement prendre une décision afin de ne pas provoquer une escalade dans l’innovation technologique qui provoquerait au final une sorte de dopage matériel comme cela a pu être le cas avec les combinaisons en polyuréthane en natation.

Combinaison en polyuréthane aux JO de Pékin en 2008

L’Alphafly ainsi que la Vaporfly de chez Nike avaient été interdites sur piste par World Athletics en 2020 à cause de leur épaisseur de semelle. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il faut bien préciser que c’est en fait la combinaison entre la plaque de carbone et la mousse de la semelle qui déterminera l’efficacité d’un bon modèle de chaussure. La plaque a elle seule ne suffit pas exprimer l’effet de performance désirée.

Illustration par couche de la Nike Vaporfly

 

 

Les grandes marques telles que Nike, Asics ou encore Hoka, travaillent énormément sur l’évolution des chaussures à plaque carbone et de plus en plus de modèle voient le jour pour étoffer la gamme.

Donc oui, on peut dire que les chaussures à plaque carbone font la différence en compétition, sinon de telles décisions par les fédérations n’auraient pas été prises. Et du fait de ces mêmes résultats en compétition, cela devient inévitablement un argument marketing

Scott Speed Carbon RC

Nike Air Zoom Alphafly Next

Hoka One One Rocket X

 

 

FAISONS UN PEU DE RÉFLEXION SUR LE SUJET EN TANT QU’AMATEURS

Maintenant, on va faire un petit peu de réflexion personnelle sur le sujet en se posant quelques questions intéressantes auxquelles nous tenterons de répondre et d’avoir notre propre avis. Bien entendu je vais donner le mien au passage.

Comme je l’affirmais il y a quelques secondes, si les fédérations ont pris l’initiative de légiférer sur ces chaussures c’est qu’il y a bel et bien un impact sur la performance. Maintenant ce gain est-il significatif ? Grâce au retour d’énergie due à la technologie plaque de carbone + mousse, la réelle différence va se manifester au niveau de la longueur de foulée. Mais cette différence n’est pas significative sur le papier et se concrétise par un gain de quelques millimètres voire dizaines de millimètres mais… dans le haut niveau, la victoire, on le sait bien, peut s’obtenir pour quelques millimètres.

Mais le contenu de Passion Trail, s’adresse en majorité aux amateurs et coureurs récréatifs, et la question que l’on pourrait donc se posait est « est-ce que nous avons réellement besoin d’une telle technologie à notre niveau ? ». Et bien en ce qui me concerne voilà le constat que j’ai pu en faire.

 

QUELS SONT POUR MOI LES ASPECTS INTÉRESSANTS ?

Je vais commencer par le fait qu’il est toujours intéressant de tester de nouvelle technologie dans le but de ressentir de nouvelles sensations. Ça ajoute par exemple un petit plus pour repousser cette routine de l’entrainement et puis ça peut s’avérer être éventuellement une révélation sur un style de chaussure ou une marque… bref, dans ce cas de figure pourquoi pas ?

 

QUELLES SONT LES LIMITES ?

Maintenant venons-en au fond. Les athlètes élites s’entrainent des dizaines d’heures par semaine et atteignent des niveaux tels, qu’il devient de plus en plus difficile de les repousser quel que soit la discipline. On va chercher à gratter quelques dixièmes pour les sprints, quelques secondes pour les courtes distances jusqu’à quelques minutes sur des marathons. Donc on peut penser légitime, ou pas d’ailleurs (ça pourrait faire l’objet d’un débat), de faire appel au matériel pour repousser une certaine limite et passer un cap.

Mais lorsque l’on parle d’athlètes amateurs ou récréatifs voire même un peu plus confirmés, la marge de progression que nous possédons restent tout de même assez bonnes pour ne pas avoir recourt systématiquement à des chaussures « dopant » légèrement nos performances. Est-ce réellement nécessaire sachant d’autant plus que comme je l’expliquais précédemment, il s’agit d’exploiter un matériau rigide qu’est le carbone qui est d’une part assez énergivore et d’autre part qui nécessite une bonne technique de course ? Moi en ce qui me concerne, je ne pense pas. Je suis plutôt du genre à essayer de ne pas dépendre de la technologie pour la performance pure. Et je dis bien performance pure, car la technologie pour améliorer le confort, l’expérience de la pratique du coureur est tout autre. Si je sais que je peux améliorer mes chronos simplement en m’entrainant car j’ai encore une bonne marge de progression, alors je m’entrainerai tout simplement sans avoir recourt à du matériel spécifique comme les chaussures à plaque carbone. Par exemple j’avais aimé l’approche de Kilian Jornet qui n’avait pas voulu intégrer cette technologie dans la Pulsar, préférant ainsi un matériau plus souple mais néanmoins rigide qu’est le TPU.

Pour résumer je suis donc de ceux qui pensent qu’il est préférable de pousser d’abord notre machine à ses limites avant d’avoir recourt éventuellement à une aide matérielle dopante. Si c’est pour tester et chercher de nouvelles sensations pourquoi pas ? Et puis d’ailleurs je fais partie de ces curieux qui sont à l’affût des nouvelles technologies. Mais si c’est pour la performance pure, je me dis qu’en tant qu’amateur, ce n’est pas du tout indispensable.

Et toi ? qu’en penses-tu ? Quel est ton point de vue ? N’hésite surtout pas à donner ton avis dans les commentaires ci-dessous, on pourra éventuellement en débattre.

 

LE CARBONE DANS LE TRAIL

Enfin pour terminer, parlons des chaussures plaque carbone dans le trail. Les premiers à avoir commercialisé ces modèles a été The North Face avec les Vectiv. Malheureusement je ne peux pas délivrer de témoignage à ce jour car je n’ai jamais eu l’occasion d’en essayer. Malgré tout, je tiens à faire part de mes a priori. Tout d’abord de mon scepticisme par rapport à cette innovation dans le trail. Comme je l’ai indiqué précédemment il y a un coté énergivore que je ne trouve pas forcément compatible avec la discipline notamment avec la variabilité et technicité des terrains que nous pouvons rencontrer. Une chaussure rigide risque de limiter la mobilité et ne s’adaptera pas forcément aux terrains techniques. Je ne pense pas que ce soit non plus des modèles destinés aux grandes distances. Cela dit, si tu as eu l’occasion d’en tester et que tu as des opinions à partager, surtout n’hésite pas à nous en faire part dans les commentaires ci-dessous.

The North Face Vectiv

 

 


 

CONCLUSION

 

Pour conclure cette vidéo, il faut reconnaitre que de façon générale, l’innovation et la concurrence entre les grandes marques ont tout de même apporté une évolution incroyable dans le monde du running et plus particulièrement en trail ces dernières années. A l’heure où je te parle, les plaques carbones ont néanmoins plus influencé le monde du running que celui du trail. Il est certain que le gain de performance est constatable notamment chez les athlètes de haut niveau car le moindre dixième peut faire la différence dans certaines compétitions, mais à un niveau amateur, est-ce réellement nécessaire ? Je te laisse donner ton avis dans l’espace commentaire.

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