Suite aux séries de vidéos que j’ai pu poster ces derniers mois, de nombreuses questions sont revenues de manières récurrentes. Plus particulièrement sur tout ce qui est relatif au physique et à la morphologie optimale du trailer. Ces questions traitaient majoritairement du poids mais aussi de la masse musculaire… bref je me disais que c’était plutôt intéressant de rassembler toutes ces analyses et ces échanges de manières à pouvoir répondre à tout ceux qui se posent cette problématique existentielle.

Y-a-t-il donc une morphologie idéale à la pratique du trail ? le trailer parfait existe-t-il ? On va tenter de répondre à ces questions.

DIFFÉRENCES MORPHOLOGIQUES

Je le dis souvent dans mes vidéos, il faut toujours tenir compte de ses propres caractéristiques tant au niveau anatomiques que physiologiques car en effet sur ce point-là, nous ne naissons pas tous égaux. Certains bénéficieront d’une génétique qui les avantagera pour les sports d’endurance alors que d’autre naitrons avec des prédispositions pour l’haltérophilie.

DIFFÉRENCES ANATOMIQUES

Visuellement, si l’on fait un peu le tour des personnes que l’on peut rencontrer au quotidien dans notre entourage, force est de constater que les différences sont assez variées. Des petits de taille trapus avec des épaules et un bassin large. Des grands très fins et très élancés, des athlétiques plutôt musclés et puissant… Il a été question aussi ces dernières années de morphotype qui reprend en gros les principaux traits que je viens de citer mais pour ma part je pense que cette théorie présente pas mal de limites mais ce n’est pas le sujet ici.
Parmi ces profils il existe tout un tas de nuances qui vont nous différencier et il arrive souvent qu’on les associe inconsciemment à un sport en particulier. Un petit trapu sera vu comme un profil d’haltérophile, le fin élancé comme marathonien et l’athlétique comme un sprinter au 100m.

Même si cela est moins visible pour une personne qui n’est pas experte en anatomie humaine, on peut distinguer néanmoins parmi ces athlètes que je viens à peine de citer, des muscles et tendons présentant différentes caractéristiques comme par exemple la longueur de ces derniers. Certains sportifs seront pourvus de longs tendons avec des muscles courts ce qui avantage généralement la restitution de l’énergie élastique alors que ceux qui présenteront des caractéristiques inverses, à savoir de longs muscles et des tendons courts auront généralement un rendement de puissance musculaire plus élevé.

 

Enfin il est aussi vrai que ces aspects peuvent éventuellement donner un avantage concret sur le sport en question. Mais il n’y a pas que les facteurs anatomiques qui prédisposent à une discipline en particulier.

DIFFÉRENCES PHYSIOLOGIQUES

Physiologiquement parlant, c’est beaucoup plus difficile de percevoir une prédisposition car seul la pratique d’un sport ou des examens spécifiques approfondis pourront la mettre en évidence.
Par exemple je sais qu’aujourd’hui, dans certains sports, les jeunes athlètes détectés sont testés et grâce aux progrès techniques et scientifiques de ces dernières décennies on peut désormais affirmer qui présentera des prédispositions physiologiques favorables ou non.

En général pas mal de facteurs sont observés comme ceux de la récupération, de l’adaptation, de quantité de fibres musculaires dites « lentes » qui prédisposent aux sports endurants ou de quantité de fibres musculaires rapides qui avantagent pour les sports de puissance de courtes et moyennes intensités.

Mais est ce qu’un prédisposé en sport d’endurance peut devenir haltérophile et vise et versa ? Est-ce que nous sommes condamnés à pratiquer et exceller uniquement dans un sport qui s’ajuste à notre morphologie ?

 

LES ADAPTATIONS PHYSIOLOGIQUES

Certes nous pouvons éventuellement naitre avec un potentiel prédéterminé dans une certaine discipline mais le corps d’un être humain réagit un peu comme une intelligence artificielle. En effet lorsqu’on lui donne de nouvelles informations, ce dernier va les assimiler et s’adapter sur une période plus ou moins longue. Là aussi par exemple on notera que certains s’adaptent plus vite que d’autres. C’est justement dans ce cas de figure que l’on retrouve la notion de progressivité qui revient sans cesse lorsqu’on parle de progression en sport d’endurance.

Tout cela pour dire que des adaptations physiologiques vont bels et bien avoir lieu mais elles demanderont du temps et de la rigueur sans quoi c’est la blessure assurée.
Cette assimilation de l’effort d’endurance avec un plan d’entrainement adapté permettra par exemple une multiplication des fibres lentes, un renforcement des tendons et des muscles, et permet aussi l’amélioration de l’économie de course au niveau biomécanique entre autres.

 

ÉTUDE DE CAS

On va procéder à une étude de cas qui n’est autre que le mien. Génétiquement, j’ai plutôt une base de physique rond et massif, et aujourd’hui je mesure 1m80 pour un poids gravitant autour des 84kg. Comme tu peux le constater, je ne fais pas parti des poids plumes. Pendant des dizaines d’années j’ai plutôt pratiqué des sports de puissance. Je courrais occasionnellement pour maintenir une bonne condition cardio-respiratoire mais sur de très courte distance et de manière assez intensive type séance au seuil ou VMA. Alors oui, je ne pratiquais que très rarement du footing en endurance fondamentale car je m’en moquais éperdument. Mon but à l’époque était entre autres de me préparer pour l’hiver en particulier les jambes afin de mieux encaisser les bonnes sessions carving en snowboard parce que ce genre de virage dans cette discipline nécessite tout de même une bonne puissance au niveau des cannes mais aussi une bonne résistance isométrique.

Bref, près de vingt ans plus tard je décide enfin de me mettre au trail running et je savais pertinemment que la transition allait être longue et un peu douloureuse. Évidemment je ne m’y suis pas trompé, j’ai démarré en présumant très rapidement de mes forces et de ma résistance à l’endurance, sans respecté la notion de progressivité. Grand paradoxe pour un préparateur physique qui connait cette notion et qui finalement ne l’applique pas sur lui-même. Me croyant sportif régulier, je pensais que la machine était prête à encaisser bien au-delà de ce que je pouvais et bilan totalement prévisible : blessures récurrentes. Si on ajoute par-dessus cela que je ne possède déjà plus la faculté de récupération de mes 20 ans… les progrès se faisait en moonwalk !

Une fois que j’ai fini de me prendre pour un futur Kilian, François ou autre Xavier, j’ai ravalé ma fierté et j’ai recommencé par les fondamentaux que sont entre autres l’endurance fondamentale. Au début, crois-moi que c’est très frustrant lorsque pour la respecter sur certaines côtes tu dois marcher ! Oui, l’ego en prend un coup surtout lorsque tu n’as pas l’habitude de rentrer chez toi plutôt en forme de tes séances d’entrainement. Là aussi c’est assez frustrant.

Finalement en me servant de mes connaissances et en potassant sur la spécificité du trail running, j’ai commencé les entrainements organisés avec un suivi adapté. Résultat après un peu plus d’un an, ce qui correspond d’ailleurs à la même période où Passion Trail a été créé, je cours mieux, plus longtemps. Tout en améliorant ma technique, j’ai aussi amélioré mon endurance, mes allures de courses etc…

Ces progrès sont tout simplement dus à une adaptation physiologique, celle dont je parlais précédemment : renforcement des tendons et des articulations, multiplications de fibres lentes, et une meilleure économie de course.

Parmi les témoignages de cas que j’ai pu avoir en message sur Passion Trail, certaines personnes sont aussi lourdes voire plus que moi et arrivent tout de même à bout de distance ultra. Cependant je tiens à préciser avec très grande précaution que ce genre de phénomène est possible mais il faut être conscient de l’impact que cela peut éventuellement avoir sur le corps à long terme plus particulièrement sur les articulations. Donc oui, rien n’est impossible mais attention prudence !!!

Pour conclure sur cette partie, bien que je ne possède pas le profil type du trailer élite, sans exploser les chronos, je peux désormais courir sur des distances d’environ 30 km et me faire plaisir après une année de préparation régulière et organisée.

Justement détaillons ensemble maintenant la morphologie du trailer élite.

 

ANALYSE MORPHOLOGIQUE DU TRAILER ÉLITE

Voici quelques photos de trailers élites présent sur le circuit :

Kilian Jornet

Xavier Thevenard

Pau Capell

Davide Magnini

 

Le trail présente de nombreux profils de course au niveau du dénivelé, allant de faible à très important pour les trails de montagne par exemple. Généralement les élites les plus populaires s’illustrent la plupart du temps sur des profils avec du D+ relativement important. Donc de fait, le dénivelé positif influe fortement sur le développement des membres inférieurs qui se caractérisent généralement par une hypertrophie des quadriceps, des ischio jambiers et des mollets. D’ailleurs si tu regardes les cuisses de Pau Capell… ça calme

La partie supérieure ne demande aucune sollicitation de puissance ou de force particulière pour le trail, on constate que le tronc ainsi que les bras et les épaules sont très peu développés et présentent un faible volume musculaire. En effet on peut aisément les comparer à des physiques de marathonien.

Cela dit, même chez les élites on peut noter quelques différences qui sont liées entre autres aux facteurs génétiques. Elles peuvent avoir leurs avantages et leurs inconvénients mais n’empêche en rien de performer et être en tête d’affiche.

Prenons par exemple deux vainqueurs de l’UTMB : François d’Haene et Pau Capell.

François d’Haene

Pau Capell

Si on procède à une analyse rapide de leur physique, on peut constater une différence de silhouette notable. En effet de part son 1,92m pour un poids gravitant aux alentours des 75kg, François d’Haene est plus élancé présentant moins de volume musculaire sur les membres inférieurs contrairement à Pau Capell avec son 1,70m et un poids moyen de 63kg. Comme je l’ai précisé précédemment, ses vastes internes et externes ont de quoi faire pâlir un culturiste amateur.

François tire l’avantage de son physique probablement grâce au niveau de l’amplitude de ses foulées ainsi que du rapport taille/poids.

Pau quant à lui est probablement plus puissant, il pourra certes être plus à l’aise en montée mais aussi en descente qui nécessite tout de même une bonne résistance en excentrique.

Bref, deux physiques, deux profils différents qui présentent avantages et inconvénients, mais ils ont tous les deux remporté l’UTMB.

Finalement la morphologie d’un trailer élite est un mix entre un coureur de 800m pour les membres inférieurs et un marathonien pour la partie supérieure.

Anton Krupika, Kilian Jornet, François D’Haene

Dans tous les cas on notera que son taux de graisse est relativement bas dû à la très forte sollicitation de la filière aérobie qui comme tu le sais peut-être déjà, consomme essentiellement des lipides.

 


CONCLUSION

Il n’y pas de morphologie « idéale » parfaite pour faire du trail, tout le monde peut s’y mettre en adaptant l’effort à ses conditions physiques de débutant et en respectant le principe de progressivité. Automatiquement s’en suivra une adaptation physiologique qui te permettra d’être de plus en plus à l’aise et efficace.
D’un autre côté, si ton souhait est de performer, alors quelques facteurs influeront sur la rapidité de ta progression comme la régularité, l’organisation et la qualité de tes entraînements mais aussi de tes prédispositions génétiques physiologiques et anatomiques.

Quoi qu’il en soit que tu sois simple amateur ou confirmé, un entrainement régulier et de qualité sur le long terme va inéluctablement avoir un impact sur ton apparence physique et se rapprochera plus de celle d’un trailer élite que celui d’un haltérophile à moins que tu ne mêles les deux disciplines…

 COMMENT DÉBUTER LE TRAIL RUNNING EN 5 ÉTAPES ?

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